Saluons le 8 mars ! - par Editeur
À peine debout ce matin, une impulsion me gagne: saluer les femmes qui ont jalonné ma vie jusqu’à aujourd’hui. D'abord mes filles devenues jeunes femmes, qui m’ont fait grandir comme père... Ensuite celles qui ont enchanté ma vie affective, plus d'une provenant d'une autre origine culturelle que la mienne: elles m'ont permis de m’accomplir comme bonhomme... Et celles que je côtoie aujourd'hui dans l'animation interculturelle: elles consolident mon humanité, mon sentiment d'appartenance planétaire...
Mon premier mouvement est de saluer le courage de tant d'immigrantes, que j’ai vues se surpasser pour trouver leur place au soleil d'hiver dans mon Québec. Je pense à une jeune Asiatique venue d’abord pour des études: elle les a prolongées des années, parce qu’elle tardait à trouver un emploi à sa mesure... À une femme âgée immigrée d’Europe de l’est avec ses enfants: aujourd'hui adultes ils font leur vie, tandis qu'elle se sent bien isolée dans son immeuble à ne pas savoir comment contacter ses voisines, ne balbutiant que quelques mots de français... À une femme originaire d'Afrique noire, réfugiée avec conjoint et tribu d'enfants: elle en arrache à combiner sa vie familiale avec la francisation et un mode de vie en appartement, se sent privée de l’appui de «tout un village que ça prend pour élever un enfant»... Et puis encore, à cette mère monoparentale venue d’Amérique du Sud: pour avoir élevé le ton avec son adolescente, elle se fait répondre «...Attention! j’ai des droits, je pourrais appeler la DPJ...»
À mesure que je fouille dans mes souvenirs, d’autres images émergent... Cette fois je me connecte à ce que ces femmes de courage ont apporté à notre milieu. Je revois Nour, Syrienne depuis 50 ans au Québec, réagir lors d’une soirée qui portait sur les relations hommes-femmes. À certains Québécois de souche qui avaient vite fait de croire que dans son pays les femmes n’ont aucun pouvoir, elle a fait découvrir qu’en fait elles en ont un autre, différent : «D’où je viens, pendant que les hommes s’affichent dans des rôles publics ou si leurs relations tournent au conflit, ce sont les femmes qui discrètement sauvent la situation, réarrangent les relations dans l’ombre...» On la retrouve aujourd'hui à la tête d'une petite entreprise alimentaire où des femmes de diverses origines nous font savourer l'exotisme de leurs mets tandis qu'elles y créent leur gagne-pain.
Certains d'entre vous ont connu comme moi les soirées festives au COFI de Québec, il y plusieurs années déjà. Tandis que les Colombiens n’avaient pas leur pareil pour nous mettre en musique et en danse après le potluck, je voyais un réseau - clandestin, je dirais! - de femmes libanaises déployant une compassion aussi discrète que généreuse pour aider une personne, en aider une autre... On aurait dit une armada de travailleuses sociales anonymes !
Et tout récemment, je revois une soirée de danses folkloriques québécoises à Québec. J’avais invité à m’y accompagner ma famille congolaise - oui, celle qui m’a adopté. Leur fille aînée s’est ajoutée, curieuse de découvrir ces danses pour elle exotiques. Je l’ai revue dans sa famille, quelques jours plus tard. J’avais encore le manteau sur le dos qu'elle m'a lancé: «...Quand c’est qu’on y retourne danser, là-bas?...» Je l’avais regardée danser, ce soir-là, avec les regards admiratifs tournée vers elle ...et ses hanches plus souples que les nôtres!... Elle y avait a ajouté un charme tout africain, qui détonait agréablement dans ce décor. Ça illustrait bien pour moi cette façon, je dirais, de danser la vie qu’on les gens en provenance de cultures du soleil ou de contextes de dénuement: au travers de ma vie trépidante, ils me rappellent de rechoisir d’être heureux quoi qu’il m’arrive...
Merci, chères concitoyennes du monde, de peupler ma mémoire et mes relations: vous ensoleillez ma vie au pied de ma porte, et achevez de me convaincre que c’est bien le féminin qui saura réenchanter notre humanité...
Denis Breton
À peine debout ce matin, une impulsion me gagne: saluer les femmes qui ont jalonné ma vie jusqu’à aujourd’hui. D'abord mes filles devenues jeunes femmes, qui m’ont fait grandir comme père... Ensuite celles qui ont enchanté ma vie affective, plus d'une provenant d'une autre origine culturelle que la mienne: elles m'ont permis de m’accomplir comme bonhomme... Et celles que je côtoie aujourd'hui dans l'animation interculturelle: elles consolident mon humanité, mon sentiment d'appartenance planétaire...
Mon premier mouvement est de saluer le courage de tant d'immigrantes, que j’ai vues se surpasser pour trouver leur place au soleil d'hiver dans mon Québec. Je pense à une jeune Asiatique venue d’abord pour des études: elle les a prolongées des années, parce qu’elle tardait à trouver un emploi à sa mesure... À une femme âgée immigrée d’Europe de l’est avec ses enfants: aujourd'hui adultes ils font leur vie, tandis qu'elle se sent bien isolée dans son immeuble à ne pas savoir comment contacter ses voisines, ne balbutiant que quelques mots de français... À une femme originaire d'Afrique noire, réfugiée avec conjoint et tribu d'enfants: elle en arrache à combiner sa vie familiale avec la francisation et un mode de vie en appartement, se sent privée de l’appui de «tout un village que ça prend pour élever un enfant»... Et puis encore, à cette mère monoparentale venue d’Amérique du Sud: pour avoir élevé le ton avec son adolescente, elle se fait répondre «...Attention! j’ai des droits, je pourrais appeler la DPJ...»
À mesure que je fouille dans mes souvenirs, d’autres images émergent... Cette fois je me connecte à ce que ces femmes de courage ont apporté à notre milieu. Je revois Nour, Syrienne depuis 50 ans au Québec, réagir lors d’une soirée qui portait sur les relations hommes-femmes. À certains Québécois de souche qui avaient vite fait de croire que dans son pays les femmes n’ont aucun pouvoir, elle a fait découvrir qu’en fait elles en ont un autre, différent : «D’où je viens, pendant que les hommes s’affichent dans des rôles publics ou si leurs relations tournent au conflit, ce sont les femmes qui discrètement sauvent la situation, réarrangent les relations dans l’ombre...» On la retrouve aujourd'hui à la tête d'une petite entreprise alimentaire où des femmes de diverses origines nous font savourer l'exotisme de leurs mets tandis qu'elles y créent leur gagne-pain.
Certains d'entre vous ont connu comme moi les soirées festives au COFI de Québec, il y plusieurs années déjà. Tandis que les Colombiens n’avaient pas leur pareil pour nous mettre en musique et en danse après le potluck, je voyais un réseau - clandestin, je dirais! - de femmes libanaises déployant une compassion aussi discrète que généreuse pour aider une personne, en aider une autre... On aurait dit une armada de travailleuses sociales anonymes !
Et tout récemment, je revois une soirée de danses folkloriques québécoises à Québec. J’avais invité à m’y accompagner ma famille congolaise - oui, celle qui m’a adopté. Leur fille aînée s’est ajoutée, curieuse de découvrir ces danses pour elle exotiques. Je l’ai revue dans sa famille, quelques jours plus tard. J’avais encore le manteau sur le dos qu'elle m'a lancé: «...Quand c’est qu’on y retourne danser, là-bas?...» Je l’avais regardée danser, ce soir-là, avec les regards admiratifs tournée vers elle ...et ses hanches plus souples que les nôtres!... Elle y avait a ajouté un charme tout africain, qui détonait agréablement dans ce décor. Ça illustrait bien pour moi cette façon, je dirais, de danser la vie qu’on les gens en provenance de cultures du soleil ou de contextes de dénuement: au travers de ma vie trépidante, ils me rappellent de rechoisir d’être heureux quoi qu’il m’arrive...
Merci, chères concitoyennes du monde, de peupler ma mémoire et mes relations: vous ensoleillez ma vie au pied de ma porte, et achevez de me convaincre que c’est bien le féminin qui saura réenchanter notre humanité...
Denis Breton
Réaction n°1
C'est un bel hommage aux femmes.
Il pourrait y avoir une telle journée pour les hommes: certains ont marqué nos vies à nous aussi.
Merci pour ce bon moment de partage.
Marie-Émilie Lacroix, St-Anselme, Québec
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Dernière mise à jour: 7 février 2019