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Des enfants et leur animatrice durant L’heure du conte, à la bibliothèque de Parc-Extension, à Montréal.
Une bibliothécaire va chercher les nouveaux arrivants jusque dans la file des banques alimentaires pour leur faire connaître les activités de la bibliothèque.
Louise-France Beaulieu est « agente de liaison ». Elle participe à un projet-pilote de la Ville de Montréal et du ministère québécois de l’Immigration. Son objectif est de briser l’isolement des femmes de son quartier en passant par les livres et les lieux du livre.
Les bibliothèques ne se contentent pas d’aligner des livres dans les rayons. À « Parc-Ext », on organise des activités comme « L’heure du thé » pour les dames, des séances de confection de bijoux, des conférences sur le système de santé, en plus des activités pour les enfants de 0 à 5 ans et leurs parents.
Le défi de la francisation est grand dans ce secteur où vivent beaucoup d’immigrants de pays non francophones, comme le Pakistan, le Bangladesh et le Sri Lanka.
« Mon objectif ultime, c’est qu’ils s’abonnent à la bibliothèque, qu’ils utilisent nos services, mais c’est aussi de favoriser l’intégration », explique cette bibliothécaire nouveau genre. « À l’heure du thé, il y a des femmes qui sont ici depuis des années et, des fois, j’ai l’impression que je suis leur premier contact avec une Québécoise
»
Pour faire connaître ses activités, Louise-France Beaulieu s’est rendue au centre sikh, elle a distribué des dépliants dans les buanderies et dans la file du service de dépannage alimentaire. Elle a frappé à des dizaines de portes avec une interprète pour sonder les gens sur leur connaissance des services de la bibliothèque.
Dans un magnétophone, elle a demandé à des résidants du quartier de lui dire « bienvenue » dans leur langue. Aujourd’hui, c’est la première chose qu’on entend en mettant les pieds à la bibliothèque. Une façon comme une autre de faire en sorte que tous ces gens se sentent un peu chez eux.
«Souvent, ils ont une méconnaissance de nos services. Ils disent que, dans leur pays, les bibliothèques, c’est pour les chercheurs. Ou ils pensent que c’est seulement pour les enfants », raconte la jeune femme qui a donné des cours de francisation avant d’obtenir son diplôme de bibliothécaire.
Dans la métropole, quatre bibliothèques participent au programme : Ahuntsic-Cartierville, Montréal-Nord, LaSalle et Saint-Michel -Villeray -Parc-Extension. Mais l’approche diffère selon les milieux, explique la responsable du service des bibliothèques à la Ville, Marie Désilets. « À Parc-Extension, ils travaillent beaucoup auprès des femmes qui sont isolées alors que, dans Ahuntsic, ils ciblent plus les jeunes adultes dans les écoles de raccrochage. On leur offre des ateliers de création numérique. Ça interpelle plus les jeunes. »
La bibliothèque veut s’imposer comme le « troisième lieu » de référence dans la vie des nouveaux arrivants. Après la maison et le travail, explique-t-elle. On estime que l’endroit est tout désigné parce qu’il est neutre, gratuit et familial.
Déjà, les nouvelles bibliothèques qu’on construit donnent moins de place aux rayons et davantage aux lieux de rencontres et d’activités, poursuit-elle.
Un impact difficile à mesurer
Est-ce que ça marche ? Le dernier rapport sur le projet-pilote avançait que 6000 personnes avaient participé au programme dans les quatre bibliothèques. Mais le document souligne que l’impact est difficile à mesurer. Chose certaine, les efforts sont là. « Ça vaut la peine, mais c’est beaucoup d’efforts », résume Louise-France Beaulieu.
Les bibliothèques jouent un rôle « central » dont on ne mesure pas assez l’importance, disait en octobre Annick Germain, de l’INRS, dans Le Devoir. « Dans l’enquête qu’on fait en ce moment, c’est clair que les bibliothèques sont de plus en plus fréquentées par les familles immigrantes », expliquait la directrice du centre de recherche Immigration et métropoles.
D’ailleurs, beaucoup d’immigrants se les approprient sans qu’on ait besoin d’aller les chercher. À Québec, par exemple, les nouveaux arrivants comptent pour une bonne partie des habitués de la bibliothèque Gabrielle-Roy. Qu’il s’agisse d’Internet (gratuit), des revues, des journaux, des films sous-titrés ou des outils d’apprentissage du français, les intérêts sont variés.
Partout, des activités comme « l’heure du conte » connaissent déjà du succès. Créée il y a longtemps, la formule ne cible pas nécessairement les nouveaux arrivants, mais on constate aujourd’hui qu’elle peut être un bon outil d’intégration.
Lors d’une visite à Parc-Extension, Le Devoir a pu le constater. Dans la petite salle où Rosette, l’animatrice, faisait la lecture à des enfants provenant de familles d’ici, mais aussi du Sri Lanka, de l’Afrique du Nord et du Bangladesh.
Un livre à la main, l’animatrice raconte une histoire avec parfois de la musique, un peu de bricolage et un sens théâtral certain. Les enfants la suivent avec attention tout comme les parents assis à l’arrière. À la fin, Rosette offre aux petits de repartir avec le livre qu’ils ont préféré.
Un nouveau projet à Québec
Montréal n’est pas la seule à pousser en ce sens. Laval est moins avancée, mais elle vient tout juste de lancer son projet d’agent de liaison. Du côté de Québec, on vient aussi de créer un petit projet pilote pour les femmes immigrantes.
Baptisée « Des racines et des mots », l’activité réunit à la bibliothèque cinq mères immigrées et cinq mères d’ici avec leurs enfants. « L’idée, c’est de sortir certaines femmes de l’isolement », explique Martine Lacasse, de la bibliothèque Gabrielle-Roy. « On se rend compte que, dans les familles immigrantes où on ne parle pas français à la maison, les difficultés sont très grandes quand les enfants arrivent à l’école. Donc on essaie d’aider à la francisation des très jeunes. »
La capitale accueille de surcroît beaucoup de réfugiés pour qui l’intégration est particulièrement ardue. Dès lors, une activité de ce genre peut faire une grande différence.
Mme Lacasse cite en exemple le cas d’une mère népalaise qui a pu s’initier à l’autobus grâce à ce projet. « La première fois, il y avait une bénévole qui l’attendait à l’arrêt et, la troisième fois, elle était capable de se rendre toute seule à la bibliothèque et on voyait que, pour elle, c’était une fierté de développer de l’autonomie. Cette maman-là a beaucoup évolué au cours des six rencontres », dit-elle.
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Un site offert par Denis Breton, Grandir Conseil, Québec
Dernière mise à jour: 7 février 2019