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Rencontre d'avril 2016

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Cultures représentées : Ce soir, les participants sont originaires du Salvador, du Chili, du Mexique et du Québec.

Thème principal :  L'intégration au travail des Néo-Québécois et les effets sur leur vie familiale.
Quelles secousses vivent-ils dans les premiers temps ?
Que peuvent faire les Québécois d’implantation ancienne pour leur faciliter les choses ?


Invitée-témoin : Margarita Morales

Originaire du Salvador et enracinée depuis 16 ans à Québec, Margarita a elle-même vécu l'expérience d'être réfugiée avec sa famille.
Organisatrice communautaire et intervenante interculturelle au Centre Monseigneur-Marcoux de Québec, on la retrouve notamment à coordonner la francisation, le jumelage inter-familial et les événements festifs qui alimentent la vie du quartier.


- * -
 

Les premières années de Margarita Morales au Québec

Margarita raconte son expérience des débuts parmi nous. Arrivée en 1999 à Sherbrooke, après des études d'avocate, elle crée assez tôt des liens avec ses voisins, facilité par le fait qu'elle avait un bébé d'un an. « Mes voisins venaient me rendre visite pour lui offrir des pommes...» Peu après sa famille déménage à  Québec. Là c'est le choc : aucun contact avec ses voisins pendant les premières années, qui ont commencé par quatre années d'études éreintantes à l'université. « Noël a été parmi les jours les plus difficiles de ma vie comme immigrante. La proximité des gens dans leurs familles nous faisaient nous sentir plus isolés encore.»


Si bien qu'elle finit par créer, de 2011 à 2014, le projet Bienvenue à Limoilou, pour aider à vaincre l'isolement qu'elle avait vécu et outiller les immigrants qui s'amènent. Une grappe de bénévoles s'est montée, formée autant de Québécois d'origine que de gens issus de l'immigration. Ils s'informaient de l'arrivée des nouveaux arrivants dans le quartier pour les saluer. Le site www.monlimoilou.com soutient toujours ce projet, qui s'appelle aujourd'hui Découvrir mon Limoilou. C'est du concret : « On accueille les gens, on leur fait faire un tour de voiture dans les environs, on identifie les services existants et on les localise sur la carte... »


Margarita nous soumet des devinettes sur les statistiques que sa recherche lui a permis de mettre en lumière. À titre d'exemple, savions-nous que ceux qu'on identifie comme immigrants économiques sont en moyenne beaucoup plus scolarisés que les Québécois nés ici ?  -  de quoi briser un préjugé bien ancré quelquefois, comme quoi les immigrants nous coûteraient cher.

Ses commentaires, ajoutés à ceux d'autres participants, viennent appuyer la réputation de chauvinisme qui colle souvent à la peau des gens de Québec. Un grand nombre de Québécois de la capitale viennent de la grande région de Québec ou des régions environnantes : ils ont de la famille pas très loin, vivent une sorte d'auto-suffisance qui les fait apparaître aux immigrants comme moins disponibles. À Montréal, par contraste, des gens vont développer plus vite le contact parce que plusieurs sont eux-mêmes transplantés.

Cette observation est d'une certaine façon appuyée par quelques participants d'origine québécoise. L'un est membre d'un clan familial originaire de Charlevoix; son épouse a 15 soeurs ! Les corvées d'entraide se sont succédées dans la famille : « On pouvait se retrouver à 18 bonhomme sur une toiture, tandis que les conjoints s'affairaient à préparer 450 repas... » Un exemple unique ? Non; un autre participant en témoigne, originaire de l'Abitibi : « Quand on fait un party, on est facilement 35 personnes. Notre coutume était de se louer un chalet à Noël : on y passait 7 jours en grande famille... »


L'accès au travail pour les hommes immigrants

Margarita  vient de terminer une thèse de maîtrise en service social à l'Université Laval, ayant mené une recherche qualitative sur ce thème.
De façon plus spécifique, elle s'est penchée sur la situation des latino-américains masculins, universitaires, vivant à Québec depuis moins de cinq (5) ans,
afin de mettre en évidence les répercussions de leur situation sur leurs rôles familiaux et la perception qu'ils s'en font.


Elle a dégagé que pour eux, accéder au travail est beaucoup plus qu'un gagne-pain : c'est l'outil no 1 pour s'intégrer socialement. Le travail les aide à se sentir bien, à se faire des amis avec qui on peut même parler de choses personnelles, y apprendre les valeurs québécoises... « Le travail fait en quelque sorte partie de moi... » résumait l'un des participants à l'étude. -  Une participante à la soirée, d'origine latino-américaine elle aussi, met en évidence une difficulté additionnelle dans son cas : le fait qu'elle n'a pas encore sa résidence permanente, et donc pas encore le droit de travailler ici.


La reconnaissance des diplôme : un défi de taille

On soulève l'incohérence observée entre la publicité canadienne à l'étranger  -  qui leur a laissé croire à de grands besoins de main-d'oeuvre dans leur domaine de compétence, et l'expérience brutale vécue une fois arrivé : notre diplôme n'est pas reconnu, on est tenu d'étudier plusieurs années encore si on veut trouver du travail à la mesure de ses compétences. « Les gens cherchent sur Internet avant de choisir le pays où ils vont immigrer, mais ça les informe peu sur la réalité qu'ils vont trouver. » Il y a aussi un problème d'information à l'étranger sur la langue parlée ici : on nous dit qu'au Québec c'est bilingue.


Il est donc fréquent qu'on doive laver la vaisselle, faire des ménages ou du taxi, alors qu'on a obtenu un diplôme universitaire dans son pays d'origine et souvent exercé son métier pendant des années.  Un cas extrême permet de mettre en évidence le manque d'équivalences : c'est le cas d'un médecin qui non seulement n'a pas été autorisé à pratiquer la médecine ici, mais il a été refusé comme infirmier. Il s'est alors offert comme préposé : on lui exigeait une formation intensive de six mois. Il arrive que le doute sur soi s'installe : un homme aurait aimé travailler comme pompier, ce qui lui a été refusé. Sur la rue il croise un accidenté. Son premier réflexe a été de lui donner les premiers soins, mais il s'est retenu, de peur de se le faire reprocher.


En fait l'étude de Margarita a dégagé quatre défis importants pour l'homme Latino-américain à Québec: en plus de voir son diplôme ou son expérience non reconnus, il y a la limitation imposée par la langue, le manque d'information sur le marché de l'emploi et les pratiques d'embauche qui apparaissent défavoriser l'immigrant.


« C'est dur de perdre la face devant ma famille, ma conjointe, mes enfants... »

L'homme latino-américain, dans sa culture, a appris à être le pourvoyeur financier de la famille. C'est l'équilibre de la vie familiale qui s'en ressent. Des hommes passent des mois à la maison à tourner en rond. Le chômage, la déqualification professionnelle entraînent une perte d'identité : «... Ça me donne l'impression d'être castré. Je ne suis pas le même homme qu'avant l'immigration... » Il arrive que la conjointe trouve plus vite du travail, et qu'alors son conjoint ait le sentiment de faillir à sa responsabilité familiale. « J'ai besoin de souliers, et toi tu ne fais rien, papa... »

La réaction à l'anxiété de la situation n'est pas la même : une femme va pleurer son angoisse. L'homme, à qui on a inculqué dès l'enfance « Tu es un homme, arrête de pleurer... », va plutôt se mettre en colère. Une intervenante peut alors se sentir menacée, craindre d'avoir affaire à un agresseur. Cette réalité est largement répandue chez les gens des minorités visibles, par exemple chez les Noirs.

Pour certains, s'ajoute le sentiment de perdre son autorité sur ses enfants qui deviennent adolescents. « Le père de mon ami, lui, permet à son garçon d'entrer à minuit... »  -  « Ah si ?... »  En plus d'être dévalorisé comme homme, on connaît mal les codes sociaux d'ici : on se sent écartelé entre les limites propres à sa culture et les façons des parents de transiger avec leurs enfants... L'un conclut : « Il me faut tenir à mes valeurs et me battre avec celles de la société d'ici... »


La recherche menée par Margarita met en évidence une réalité dont nous ont souvent parlé les participants à Cultures au coeur : des gens regrettent d'avoir quitté leur pays, même si la vie n'y était pas toujours rose. « Si je suis parti, c'est que j'avais des difficultés, des souffrances. J'arrive ici et c'est encore ce que je dois vivre... » Il semble que ce soit plus le cas chez les immigrants dits économiques, si on compare leur situation à celle des réfugiés.


Que peuvent faire les Québécois d’implantation ancienne pour faciliter l'intégration des nouveaux arrivants ?

Margarita propose de se mettre davantage dans la peau des nouveaux arrivants.

  • Employeur :
    -Les employeurs méconnaissent leur réalité : « il faudrait qu'ils soient invités à des rencontres comme celles-ci... »
    - Offrir du mentorat.
     
  • Organisme:
    - Susciter le bénévolat
     
  • Si on est simple citoyen :
    - Conscientiser nos schémas mentaux : « Si j'étais né ailleurs... »
    - Questionner sa curiosité face aux gens venus d'ailleurs.
    - Identifier ses limites dans la relation.
    - Accueillir la différence.
    - Faire des efforts pour connaître plus, juger moins.
    - Aller au devant des gens, sortir du confort de chez nous.
    - S'offrir comme bénévole, dans une forme de jumelage inter-familial.
    - Offrir au nouvel arrivant l'occasion d'exprimer ses émotions difficiles.
     

Que peuvent faire les candidats à l'emploi ?

- Sortir, contacter, se faire connaître. Exemple : participer à des 5 à 7.
- Ne pas généraliser leur perception acquise d'une seule personne, employeur ou citoyen.
- Remettre en question les rôles traditionnels.
- Travailler à éduquer ses enfants pour ouvrir leur perception sur les rôles masculin et féminin.
 


Date de création : 2016/05/06 - 17:46
Dernière modification : 2016/07/04 - 17:04
Catégorie : Échos de nos activités - 2016
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Dernière mise à jour: 7 février 2019